Guerre en Ukraine : sur la Côte d’Azur, les PME bien plus touchées que les oligarques

Article LA TRIBUNE  de Laurence Bottero28 Févr 2022,

La Côte d’Azur et la Russie sont deux pays aux liens anciens, et c’est d’abord d’un point de vue touristique que tout a commencé. L’empreinte du pays des tsars se lit dans de nombreuses rues du département. Ça, c’est quand tout allait bien.

C’est aussi quand tout allait bien que le Club France Russia est né. C’était en octobre 2018 et à l’époque – pourtant pas si lointaine – les relations entre la France et la Russie étaient alors au beau fixe. La Coupe du monde de football qui s’était déroulée durant l’été avait marqué le réchauffement des relations entre les deux pays. Bref, le momentum pour resserrer les liens historiques et amplifier les relations business était idéal. D’autant plus que les liaisons aériennes depuis l’Aéroport de Nice allaient dans ce (bon) sens. C’est ce qu’expliquait alors à La Tribune son fondateur, Laurent Merengone, habitué aux déplacements entre les deux contrées qui imaginait tout le potentiel que posséderait un réseau structuré et facilitateur.

Des liens BtoB impactés

Et depuis 2018, c’est exactement ce que le Club France Russia a fait. « Nous mettons en relation les PME qui constituent une grande partie du tissu économique azuréen avec les PME russophones », indique Laurent Merengone, qui explique que dès que certaines d’entre elles prennent du volume et grossissent, c’est la CCI France Russie qui prend alors le relais.

Le marché russe que Dmitri Demidenko, vice-président alors de la CCIFR qualifiait de « compétitif » et donc totalement à même d’être un axe de croissance pour les entreprises françaises, notamment soulignait-il alors sur « les compétences agro-alimentaires qui sont appréciées ».

Selon l’étude menée à l’époque par la Chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur une trentaine d’entreprises d’origine russe, dont Aeroflot, était recensée sur le territoire. Lors de son rapport d’activité en 2021, Team Côte d’Azur, l’agence de développement économique a pour sa part accompagné l’installation du centre de R&D de Neurovizum, spécialiste du secteur des dispositifs médicaux et de l’e-santé.

Laurent Merengone qui rappelle que les entreprises françaises – Auchan, St Gobain, Michelin, Lactalis – et leurs filiales généraient en période pré-covid, 2,1 milliards d’euros d’investissement et 23.000 emplois dans la seule région de Moscou.

Des conséquences à (très) long terme ?

Pour l’heure les sanctions annoncées par l’Europe inquiètent donc davantage du côté des TPE et des PME que des oligarques. Certains dirigeants de ces petites et moyennes entreprises russes s’inquiétant des blocages potentiels des passeports et visa. Le transfert d’argent, désormais perturbé, touche aussi les entrepreneurs français établis en Russie, dit Laurent Merengone. Qui rappelle que le Club France Russia réunit des entrepreneurs russes mais aussi ukrainiens, biélorusses… et que tous sont « unis par l’amour de la Russie en tant que pays mais surtout par la langue, lien commun ». Un Club France Russia qui s’est mis sur pause en suspendant ses activités.

Mais si pour l’heure nul ne sait quelle sera la durée du conflit, les conséquences peuvent s’inscrire dans la durée. Car, rappelle Laurent Merengone, les Russes, grâce à leurs accords avec la Chine peuvent être fournis en tout. Et de citer, aussi, la capacité du pays à rebondir, donnant l’exemple du marché du fromage de grande consommation, marché fermé il y a quelques années, rendant impossible l’import de produits français… ce qui a permis à la Russie de devenir autonome… « C’est un marché perdu définitivement », regrette le fondateur du Club France Russia. Sans oublier, l’approche pas si lointaine de la période estivale, qui fait craindre également un impact sur le tourisme. Un secteur de TPE PME déjà bien secoué par les conséquences de la crise sanitaire…

 

LE PRÉSIDENT NIÇOIS DU BUSINESS CLUB FRANCE RUSSIA “NICE MATIN”