“CETTE GUERRE C’EST UNE CATASTROPHE À VENIR SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE”, RÉAGIT LE PRÉSIDENT NIÇOIS DU BUSINESS CLUB FRANCE RUSSIA

Article Par Eric Galliano

Ce Niçois, qui est à l’origine de la création en 2018 du Business Club France Russia, craint une escalade des sanctions économiques qui ne touchera pas que les entreprises.
Laurent Merengone, élu régional du rassemblement national, est aussi à l’origine de la création en 2018 du Business Club France Russia. “Nous aidons les entreprises françaises à se développer en Russie”, explique cet Azuréen. Elles sont nombreuses à avoir des intérêts à l’Est. “Et non des moindres”, souligne Laurent Merengone qui craint une escalade des sanctions économiques qui ne touchera pas que les entreprises.
“Ce qui se passe est dramatique. D’un point de vue humain évidemment, mais aussi économique”, souligne le président du Business Club France Russia. ” Il faut savoir que la France a beaucoup d’entreprises implantées en Russie. Et pas que des petites, puisque Danone, Lactalis, toute la grande distribution, Décathlon, Auchan… Peugeot construit sur place. Il y a beaucoup d’intérêts économiques français sur place. Cette guerre c’est donc une catastrophe à venir sur le plan économique. Même si des sanctions existent depuis 2014.”
LES RUSSES ONT EU LE TEMPS DE SE PRÉPARER
Cette année-là, la Russie annexait la Crimée. En réponse l’Europe et la France prenaient des mesures coercitives pénalisant les échanges avec le géant de l’Est. “Poussées par les Américains qui, il faut le dire, ont récupéré certaines de nos parts de marché. Notamment dans l’agroalimentaire”, assure Laurent Merengone.
En retour, la Russie elle aussi a pris des sanctions à l’égard de nos produits. “Poutine a décrété que seul le vin mousseux russe pouvait s’appeler champagne. Il a boycotté les fromages français et a complètement restructuré cette filière pour devenir autonome. En réalité, depuis 2014, la Russie a eu le temps de se préparer. Elle a réduit sa dépendance vis-à-vis de l’Europe”, souligne cet observateur azuréen.
“LE RISQUE PRINCIPAL POUR LA FRANCE, C’EST L’INFLATION”
L’inverse n’est pas forcément vrai. “Nous restons très dépendants au gaz russe, même si c’est davantage le cas pour l’Allemagne que pour la France. Il ne faut pas oublier que l’Ukraine est aussi un très gros producteur de blé. C’est donc toute la chaîne agroalimentaire qui pourrait être impactée”, explique Laurent Merengone qui redoute un effet boule de neige sur le prix des matières premières déjà éprouvé par la crise sanitaire. “Pour la France, si on rentre dans une guerre larvée qui peut durer des années, c’est l’inflation alors que le pouvoir d’achat est déjà au plus bas dans notre pays.”
Il préfère ne pas croire au risque de contagion du conflit au reste de l’Europe: “La France n’a pas intérêt à s’impliquer militairement dans cette guerre. Elle n’a déjà pas réussi à gérer le Mali, alors la Russie…” Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de conséquences sur le sol français. Car aujourd’hui, la principale arme que peut brandir l’Hexagone c’est celle de nouvelles sanctions financières. En représailles, la Russie fera de même. Au risque de porter un coup non seulement aux échanges bilatéraux, mais aussi au bilan des sociétés françaises qui ont un pied à l’est. “En 2019, année hors Covid, nos entreprises ont investi 2,3 milliards d’euros et généré 23.000 emplois rien que dans la région de Moscou”, souligne Laurent Merengone.

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